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Marc Estève

Parolier

Photo : Pascal Bagnara

Né au Maroc, à Taza, Marc Estève pose un jour ses valises à Toulouse mais gardera toujours un goût prononcé pour le Rif et les riffs. Il vit actuellement en face de la cathédrale Saint-Etienne de la ville rose et prie tous les matins pour qu’on lui serve un expresso, sans faire aucune confession au dieu Soleil.

 

Après avoir tenu la basse et écrit nombre de sombres textes sur deux albums du groupe Maria et, La Fuite en avant et Troubles fêtes, Marc Estève participe à l'écriture de l'album Chambre avec vue d'Henri Salvador sorti en 2000 et passe son temps avec Riton entre studio, vol de bonbons à l’Intercontinental et grosses pertes financières sur les bourriques du PMU le plus proche de la place Vendôme en cachette de Cathy sa dernière compagne.

Sur cet album, Marc signe deux titres avec Art Mengo, "Il fait dimanche" et "Vagabonds". L'album reçoit la Victoire de l'album de chansons 2001 et se vend à plus de deux millions d'exemplaires, score qu’Henri Salvador n'avait jamais atteint malgré ses grands succès des années 1960 et sa facilité à pointer à la pétanque, « Téter le cochon » comme il disait...

La même année, Marc Estève écrit "Dix Choses" pour Florent Pagny sur l'album Châtelet les Halles, en se disant qu’on ne peut pas faire mille choses à la fois. Écrire, planter des tomates et s’accoquiner avec la famille Aznavour, Mischa en tête, à queue, dans un couloir d’autobus pendant que Charles l’attend chez Raoul Breton.

 

En 2001, Marc Estève rencontre Enrico Macias et son fils Jean-Claude Ghrénassia, musicien, arrangeur et producteur. Ou quand le petit môme venu du Maroc rencontre l'idole de ses parents, chez qui résonnait souvent « J'ai quitté mon pays ».

Leur première collaboration sera l'album "Oranges amères" dans lequel il signe huit titres, dont "Mes Andalousies", "Rien que du bleu", "Valse à l'envers" et "Oranges amères", aux côtés de Jean-Loup Dabadie, Art Mengo et Kent. Démarré sur un canapé, guitare et Dictaphone, le disque rencontre un véritable succès, de même que la tournée qui suit, de l'Olympia au Carnegie Hall.

Marc retrouvera dans cette ambiance artisanale et festive, le goût des « 1, 2, 3, 4 let’s go » des Ramones, avec là-bas plutôt Wahad, djouj, tleta, arba, yalla ! Autour d’un thé à la menthe partagé avec des chauffeurs de taxi musiciens qui passaient enregistrer quelques notes entre deux courses! C’est d'ailleurs dans ce studio qu’il fera la connaissance de Malcom Mac Laren, brillant escroc, manager des Sex-Pistols…

 

En 2003, Art Mengo, avec lequel les collaborations se multiplient, sort chez Polydor La Vie de château. La plupart des textes sont signés Marc Estève. Le premier single, "Je passerai la main", est mixé à New York par Jay Noland. On retiendra également le titre « Ultramarine » qui n’a d’autre référence qu’un bouquin de Malcom Lowry, cent fois perdu, écrit et réécrit, juste après « Au dessous du volcan » son chef d’œuvre

 

Au cours de l'enregistrement de cet album, Marc Estève rencontre Marie Nimierprix Médicis 2004 pour "La Reine du silence", auteur de romans de théâtre et de chansons. Par la suite, il coécrit avec elle des chansons pour Art Mengo, Juliette GrécoLara Guirao ou encore Maurane.

 

Maurane, au swing et à la voix d'or, à l'interprétation si juste, reste quand même une véritable roll's pour un auteur qui n’a pas le vertige.

Marc Estève lui écrit plusieurs chansons dont « C'est pas dans ma nature » ou « Mon ange veille » sur les albums Si aujourd'hui et Fais moi une fleur, coécrit avec Marie Nimier.

Marie Nimier avec qui il collabore de nouveau pour "Testament rose" qu'interprète Juliette Gréco. Quelle sensation de se retrouver sur le chemin de Saint Germain des Près avec cette jolie môme aux sabots ferrés !

 

Et après Maurane, l'on peut dire que les grandes voix jazzy de la chanson française aime particulièrement l'écriture de Marc Estève et les compositions d'Art Mengo puisque Liane Foly fait également appel au duo pour un album en 2008. Ce sera "Le goût du désir". Un collier de perles resté dans son écrin mais pour lequel Marc garde une affection toute particulière. On retrouve sur cet album le divin trio Esperenza sur le titre « On aura tout le temps ».

 

Entre temps, Lambert Wilson qui murit depuis longtemps l'envie de chanter vient le trouver... pour quelques chansons (album "Loin"). Ne manquait à cet album qu’ « il tourne, mon moulin » On peut être un très grand acteur et passer son temps libre à écouter toutes les nuits les roues à aubes. Ca c’est du Lambert…

 

Christina Marocco, Romane Serda, Marie-Amélie, Marc Estève se retrouve avec elles dans un harem de chanteuses plus attirantes les unes que les autres... Il en sort des titres érogènes !

 

Pour Dick Rivers avec Peter Kingsbery, chanteur de Cock Robin devenu un ami, il écrit « Amour et blue-jeans », un hymne à Levis, et presque à Elvis.

En 2014, il écrit un titre phare de l'album "Baron samedi" pour le baroudeur de la chanson française (avec Téofilo Chantre à la composition, à qui on doit les plus grands succès de Césaria Evora), Bernard Lavilliers. « Y a pas qu'à New York », un titre référence à un poème de Blaise Cendrars, pour qui Bernard a une admiration sans faille.

Drôle de coïncidence, sans s'être concertés, Lavilliers avait déjà prévu d'enregistrer «La prose du Transsiberien » sur cet album.

 

Teofilo Chantre, justement, fait souvent appel à Marc Estève (3 albums au compteur ...). Homme du sud, Marc Estève écrit, et c'est un hasard, pour de nombreux artistes Cap-Verdiens... même en portugais ! ("Fazes me falta" pour Lura)

 

Car c'est une originalité de son parcours d'auteur, Marc Estève écrit en portugais, en anglais, et même parfois en arabe ! (« Alif ba ta tsa » sur l'album "Ou le contraire" pour Mouss et Hakim)

 

De par la qualité de son travail, Marc Estève est devenu un « régulier » de nombreux artistes, il poursuit ainsi une étroite collaboration avec Enrico Macias (albums «  La vie populaire », "Les clefs", "Voyage d'une mélodie"), Art Mengo (albums "Sujet libre", "Entre mes guillemets" « Ce petit chemin »), Téofilo Chantre, Maurane etc...

 

A coté des ses collaborations avec des monuments de la chanson, il fonctionne aux coups de cœur et écrit pour de nombreux jeunes artistes également (Davy Kilembé, Julien Loko, Daby Touré, Boloc... ). De jeunes pousses souvent rencontrées dans la cour de création d’Astaffort 

 

Car parallèlement à son activité d'auteur, Marc Estève devient également intervenant textes pour les Rencontres d'Astaffort (Voix du sud) créé par Francis Cabrel rencontrant là-bas la fine fleur de la chanson francophone. Il se prête au jeu avec plaisir et commence sérieusement à aimer animer des ateliers d’écriture sur Toulouse et sa région.

 

« Écrire pour Lavilliers ou Maurane, pour Juliette Gréco ou Les frangins de Zebda, pour Enrico Macias ou Lambert wilson n’est pas exactement le même exercice tant il est difficile d’entrer dans les univers personnels d’interprètes aussi différents », raconte souvent Marc.

Et pourtant il y arrive tout en gardant sa griffe personnelle et a su créer un véritable parcours hors d’œuvre. Le meilleur étant toujours à venir.

 

Il a la douceur racée, le mot élégant, et la rime sensible. 

Il mélange tout : la tendresse des punks et la folie douce des romantiques, la fièvre de Chopin mariée à la joyeuse mélancolie des Clashs.

 

Il fait partie de ces rares auteurs qui arrivent à suspendre le temps par quelques phrases, par la fulgurance d’une image, subtile, universelle… Des images qui squattent l’imaginaire, l’air de rien, insidieusement.

Car tel un impressionniste des mots, Marc Estève fonctionne par touches, de sons et de rythmes. Des mots qui sonnent toujours au plus juste de l’émotion.

Paroles d'amis... :

Benoît Dorémus :

J’ai travaillé avec Marc pendant une petite semaine

​ et quelques minutes​ à l’automne 2013, alors que je planchais sur les textes de mon troisième album. 

Marc passait régulièrement se poser sur mon épaule. Il ne pesait jamais lourd​, malgré le poids de nos plumes respectives.​ Il restait de plus en plus longtemps au fur et à mesure que nous nous apprivoisions. Il a éclairé à la lampe de poche des ​zones​ de ​mon ​cerveau que je ne soupçonnais pas. Il a une façon de j​ongler​ avec les mots​, ces balles qu'on lance pour en faire des chansons​ et d​e les​ construire 

​sans en avoir l'air ni même  la mélodie, ​qui n’est pas tout à fait la mienne. 

​Loin de ces jeux du cirque, c​'était comme si nous voulions terminer le même puzzle avec deux techniques différentes, complémentaires. 

​Et qui dit puzzle, dit essayer de ne pas s'éparpiller façon Blier...​

Il sait que l'écriture d’une chanson est une histoire ô combien personnelle. Mais il m'a appris qu’on a à deux des idées qu’on n’aurait pas eu seul​ ou à cinq​ et il sait jouer de cette curieuse contradiction.

Il est discret, patient, jamais intrusif ou donneur de leçon. Il est aussi humble, curieux et drôle. Fragile aussi...​surtout en fin de journée quand à la nuit tombée la pluie fait flic-floc​

​Nougaro, lui, faisait des claquettes avec ces bruits, moi je suis sorti de mes flips-flops​ sous lesquels toute bête à chagrins se trempe et se trompe parfois pour aller courir des zéniths sous le soleil des projecteurs, exactement.

C'était un échange passionnant. On fait de ce genre de rencontres un ami. Surtout qu'il se débrouille pas trop mal au foot​ et m'a fait quelques gracieux petits ponts. De toutes façons entre lui et moi resteront toujours quelques passerelles amicales et plus secondairement artistiques.​

benoitdoremus.fr

Boloc :

Marc est non seulement un auteur magnifique, il brode du sur-mesure et trouve des images qui voguent longtemps dans la tête, mais c'est également un homme fondamentalement humain et généreux. Il m'a offert de magnifiques textes et m'aide régulièrement à en façonner d'autres. C'est une chance inestimable d'avoir quelqu'un d'aussi bienveillant avec qui travailler. 

boloc.fr

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