Ciao-Wiedersehen
(Marc Estève / Art Mengo)
A coups de pieds dans le séant
Ils lui ont décollé les racines
En lançant des p’tits noms claquants
Putain, shampouineuse ou vermine
Elle était d’mèche avec l’occupant
De son village, la fridoline
Ses cheveux repousseront blancs
Ciao-Wiedersehen… Ciao-Wiedersehen…
La place du marché était noire
De beaux héros et d’héroïnes
Mille hommes en armes, trois femmes en larmes
Devant la petite guillotine
Bien dégagée sur les oreilles
La nuque rase, comme les copines
Chacun sa croix, elle a eu la sienne
Et la raie à l’encre de chine
Adieu mes boucles libres au vent
Et sur la nuque, Ciao-Wiedersehen !
Tous ces coiffeurs d’un jour, maman
M’ont craché tant de brillantine
Adieu mes boucles sur le front
Et mon amour, Ciao-Wiedersehen !
Tous ces coiffeurs d’un jour au fond
Passaient leur diplôme j’imagine
Elle qui ne connait de l’allemand
Que les gondoles et mandolines
Que son déserteur de sergent
Lui chantait comme un nouvel hymne
Il a fini les pieds devant
Son italien d’Herzégovine
Depuis, elle parle à leur enfant
L’espéranto, Ciao-Wiedersehen
Adieu mes boucles sur le front
Et mon amour, Ciao-Wiedersehen !
Tous ces coiffeurs d’un jour, ces cons
Passaient leu diplôme j’imagine
Adieu mes boucles libres au vent
Tombés pour la France j’imagine
Mais leurs blouses de grands résistants
Sentaient, c’est drôle, la naphtaline
La naphtaline…