Tu verrais
Tu verrais des oiseaux
Convoler jour et nuit
Tu verrais des cargos
Jalouser les voiliers
Flirtant avec le vent
Levant
Tu verrais des cabanes
Et leurs filets traînant
Tu verrais l’œil des femmes
Cajoler des enfants
Qui s’en iront marins
Demain
Tu verrais, tu vivrais ici
Sans avoir à rêver d’ailleurs
Tu coulerais des jours, des nuits
Au port de ce monde meilleur
Sans penser à demain
Ni rien
Tu verrais ce village
Aux allées vanillées
Tu vivrais de mélanges
Et de mots inventés
Sur des accents poivrés
Salés
Tu verrais la blancheur
Des mouettes et de l’écume
Tu verrais les couleurs
D’un panier de légumes
Et le parfum du temps
Présent
Tu verrais, tu vivrais ici…
Tu verrais que le rhum
Peut masquer des blessures
Tu entendrais des hommes
S’enivrer d’aventures
Et puis rentrer chez eux
Heureux
Tu verrais le visage
Des gens qui se souviennent
Tu aimerais cet âge
Où l’on traîne à l’ancienne
Autour d’un feu d’espoir
Le soir
Tu verrais, tu vivrais ici…